
Par un soir doux de mars, entre les murs feutrés du Brooklyn College, les mots ont pris une voix. Celle des femmes. Celle d’Haïti. Celle d’un héritage tissé de douleurs, de rêves et de lumière.
BROOKLYN, New York – Ce 24 mars, dans une atmosphère à la fois intime et vibrante, des autrices haïtiennes de renom se sont réunies pour une soirée qui tenait à la fois de la veillée littéraire, de la célébration féminine et du retour aux sources. Baptisé « Haitian Women Book Talk », cet événement s’inscrivait dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, mais il allait bien au-delà d’un simple rendez-vous culturel : c’était une rencontre d’âmes.
À l’honneur, des figures majeures de la littérature contemporaine haïtienne : Edwidge Danticat, grande prêtresse du récit identitaire ; Ibi Zoboi, porte-voix vibrante de la jeunesse diasporique ; le duo complice Maika et Maritza Moulite, tisseuses de fictions modernes ; et Nadège Fleurimond, cheffe et écrivaine, qui mêle cuisine et mémoire comme autant de poèmes vivants.
Réunis dans une salle comble, les invités ont assisté à des échanges empreints de sororité, ponctués de lectures émouvantes, de rires, de confidences. Il ne s’agissait pas seulement de littérature : il s’agissait de transmission. De ces récits que les femmes portent depuis des siècles dans leurs ventres, leurs cahiers et leurs silences.
Organisé par l’Institut d’études haïtiennes du Brooklyn College, en collaboration avec le Département des langues, littératures et sciences humaines du monde du York College (CUNY), l’événement a offert aux participants un moment rare où la parole se faisait refuge autant que révolte. Livres dédicacés à la main, verres levés à la mémoire de celles qui ont tracé la voie, cette soirée avait des allures de veillée d’antan et de manifeste pour demain.
Un hommage appuyé a été rendu à Danielle Legros Georges, poétesse haïtiano-américaine disparue, ancienne poète lauréate de la ville de Boston. Son esprit planait dans l’air, entre deux vers, entre deux éclats de voix.
Ce soir-là, à Brooklyn, les femmes d’Haïti n’écrivaient pas seulement des livres. Elles écrivaient l’Histoire.
Photo: HaitianTimes
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